La Fondation Antoine le Cocq

Autrefois dénommée
Hôpital de Charité

Antoine Le Cocq, bailli de Fournes et son épouse Jeanne Du Bois, firent bâtir en 1680, six petites maisons avec jardin pour y loger des veuves et des ménages pauvres, ayant au moins 60 ans.
Ces constructions élevées le long de la ruelle Saint-André, actuellement ruelle Antoine Le Cocq, prirent le nom d’Hôpital de Charité.
Une pierre enchâssée dans le mur expliquait cette charitable fondation :
« Antoine Le Cocq, bailli de Fournes et Jeanne Du Bois, sa femme, ont bâti à perpétuité cet Hôpital de Charité, consistant en six demeures pour six femmes veuves et pauvres de Fournes et à défaut de six ménages pauvres, ayant au moins 60 ans. La condition était d’aller à l’église, tous les premiers vendredi du mois, prier et chanter pour le repos des âmes des fondateurs et de leurs enfants et parents trépassés. En gage de leurs prières, ils reçoivent chacun trois « pattars » (pièce de monnaie) à chaque obit. En cas de non-respect de ces obligations, ils sont expulsés sans délai et remplacés. »


Antoine Le Cocq meurt en 1688 et son épouse en 1693. Ils sont tous deux enterrés dans l’église. Une pierre tombale de 1,44m de haut sur 0,84m de large ayant échappé aux désastres de la guerre, est toujours visible actuellement dans la sacristie de gauche. Voici la reproduction de cette épitaphe :
« Cy devant reposent les corps d’Antoine Le Cocq, bailly de ce lieu, trépassez le 25 de Mars 1688, âgé de 63 ans et Jeanne Du Bois, sa femme, qui trépasse le 14 janvier 1693, âgée de 69 ans ; lesquels pour le repos de leurs âmes et de leurs parens, ont fondez et bastis, dans cette paroisse, pour des pauvres hommes et femmes vesves et autres ménages de la Pauvreté de cette paroisse, six petites maisons et chambres, situéz sur la piedsente entre les deux chemins menans de Lille à La Bassée ; dont l’acte de donation est faicte et passez par devant maître Dubelarbre, notaire de la résidence de Lille, le dixième aoust 1681. Si ont aussi fondez en cette église, un obit solennel chacun premier vendredy de chacun mois de l’année, à perpétuité, à trois salmes et trois leçons commendaces à chanter par Monsieur le Pasteur de ce lieu, à l’assistance du chapelain pour chanter l’épître et Evangile et reste de la messe, et du clercq ; pourquoy ils ont ordonnez que soient payés douze pattars au curé, quatre pattars au chapelain et six pattars au clercq. Auxquels obitz, les pauvres hommes ou vesves et autres qui sont bénéficiez de la demeure dans les susdits petites maisons sont obligez d’assister auxdits obitz et priez Dieu pour les âmes des fondateurs et de leurs parents ; A chacun desquels pauvres hommes ou vesves, ils ont ordonnez que soient distribuez trois pattars à chacun desdits obitz. Si ont ordonnez de chanter le messe du vénérable saint-Sacrement durant l’octave chacune année et de donner chacun jour de ladite octave la bénédiction du Saint-sacrement sur le soir et paravant de sonner la grosse cloche ; pourquoi ils ont ordonnez que soient payez pour les huit messes et bénédictions pendant l’octave, chacun huit livres au curé et quatre livres au clercq ; Et pour les recommander en particulier par le curé aux prières des peuples, ils ont ordonnez quatre livres audit curé et deux livres au clercq, le tout à perpétuité et payable par les mergliers de cette église ; Pour accomplir tout ce que dessus ils ont donnez au proffit de cette «église, vingt-un cens de terre à labeur situéz en cette paroisse, en trois pièces, sçavoir, Neuf cents tenus de la mairie de Fournes tenant au grand chemin menant de Fournes à Beaucamps, de midi à la terre de Rosembois et de couchant aux terres de la cure dudit Fournes ; trois cens tenus de la ditte mairie tenant de deux cens aux terres de l’abbaye de Saint André en Cambrésis et à la piedsente menant du moulin de Rosembois au chemin des Mottes ; et les autres neuf cens, tenus de la Seigneurie de Fournes tenant à trois sens aux terres de la cense d’Hocron et de quart sens aux terres desdits fondateurs.
Si ont donnez toute une lettre de rente, passez pardevant bailly et gens de Loÿde, l’Evesché d’Arras, à Marquillies, en datte du 5 juin 1681, portant onze florins, dix-huit sols et demy par an ; au rachapt de cent soixante-quatre florins de sept et tiers de sol monnoyé d’Artois. Y obligez Jacques Leroy et Jeanne Empis, sa femme au profit des fondateurs avec rapport d’aucun héritage, y repris par habaut et tenances dont l’acte de fondation est aussi passez par devant le même notaire, le dit dixième Aoust 1681.-Priez Dieu pour le repos de leur âme. »
Pendant la Révolution, les biens ci-dessus furent retirés à l’Eglise. Les fondations et obits furent abandonnés par le clergé.
Le bureau de bienfaisance devint propriétaire et administrateur des maisons de l’Hôpital.
En 1895 ces maisons étaient en ruine. Elles furent remises en état par M.Delassus, ancien notaire. La toiture en chaume fut remplacée par des pannes et un carrelage fut posé sur la terre battue : des aménagements heureux achevèrent de transformer ces véritables taudis en maisons habitables.
Elles furent détruites au cours de la guerre 1914-1918.
En 1920, M. d’Hespel maire de Fournes, proposa à la commission administrative du bureau de bienfaisance de vendre le terrain de la ruelle de l’Hôpital et de reconstruire les maisons sur un emplacement plus vaste et mieux approprié, situé au Chemin des Combles, actuellement rue Jules Ferry ; puis au lieu de rebâtir six maisons, que la somme allouée par les Dommages de guerre ne permettrait pas de rendre confortables, il fit approuver un plan d’édification de quatre maisons seulement, plus commodes, avec étage et grand jardin. Le bureau de bienfaisance prit à sa charge la construction des deux autres maisons.
Ces maisons sont toujours habitées par des personnes âgées.
Le bureau de bienfaisance est actuellement remplacé par le Centre Communal d’Action Sociale.
Il est intéressant de noter que finalement depuis 1680, ces habitations ont toujours été destinées à l’action sociale.